CRET
Centre de réflexion sur l'éthique dans le travail
 


 
 
EDITO 8 - janvier 2015

                    
De l’outil et de l’utilisateur
 
Nous vivons dans une ère de haute technologie où la plupart d’entre nous ont accès à l’information. Conférences, colloques, cours de haut niveau attendent les esprits curieux au détour d’une navigation sur Internet. D’autres connaissances sont diffusées entre pairs sur les réseaux divers.

On pourrait presque croire au mythe du partage, à la célébration d’une nouvelle communauté consciente et responsable, à la fin des dictatures et des idéologies, au transfert multilatéral des connaissances, au développement des personnes.

Il n’en est rien. Nous savons que l’information disponible et les nouvelles technologies qui facilitent sa propagation sont aussi aux mains du terrorisme intellectuel ou des extrémismes politiques et religieux. Extrême-droite ici, extrême-gauche là, intégrisme religieux, idéologique et autre. Tous ceux-là manient des outils, des « éléments de langage ». L’information est aux mains d’agents qui n’ont aucune connaissance approfondie du champ dont ils prétendent être les porte-parole.

Un merveilleux outil, qu’il soit technologique ou verbal, peut être un dangereux instrument.

Que faire ?

Réfléchir. Ne pas s’approprier des outils sans les avoir interrogés, expérimentés, sans se les être appropriés. La question est cruciale. L’utilisateur est au centre de tout. A-t-il les moyens intellectuels d’évaluer ce qu’il propage ? Incarne-t-il dans sa vie et son comportement les valeurs qu’il dit véhiculer ?

Nous rencontrons dans nos métiers d’accompagnants et de pédagogues tant de personnes qui suivent des protocoles sans les comprendre, qui récitent des contenus sans avoir la moindre idée de l’iceberg dont ils sont la partie émergée. Des agents, des animateurs de modules, des disciples de méthodes obtuses. C’est pourtant dans ces métiers d’accompagnement que la rigueur, l’exigence, la connaissance doivent être optimales.
Incarner un discours, c’est avoir pris le temps de le digérer, de le reformuler, de le tremper dans la substance même de son être pour mieux le communiquer, pour que l’esprit passe dans le verbe.

Soyons humbles et vigilants. Ne soyons jamais rassasiés. Jamais arrogants. Jamais arrivés. C’est ainsi que nous pourrons nous vanter d’avoir un peu d’éthique professionnelle. De l’éthique tout court.

C’est ainsi que nous aurons une chance de construire une société de personnes conscientes, responsables. Libres.

Il y aura peut-être moins d’informations partagées, mais elles auront de la substance et nous aurons partagé l’essentiel. Un peu de nous-mêmes.

 
MGB

 

EDITO 7 - Janvier 2014

 
Le CRET vous souhaite une très belle année 2014, une année lucide et poétique, une année courageuse et optimiste, une année ouverte et vigilante. Une année humaine et humaniste.

L’humain dans sa plus belle expression est à la recherche d’un équilibre, équilibre entre la consolidation des acquis et l’innovation, entre le bon sens et la création, entre les instincts primaires et la construction mentale. Un équilibre mis à mal dans une société devenue manichéenne, alors que les deux pôles sont à négocier en soi. En se cantonnant à l’extrême d’un pôle, on rejette l’autre pôle qui est un élément tout aussi constitutif de l’être humain. On devient en quelque sorte l’ennemi de soi-même.

Tel chercheur fait miroiter le modèle de l’organisation animale, rigoureuse et autorégulatrice, faisant croire à une régression de l’homme par rapport à ses ancêtres à pattes ou à ailes. Tel savant réveille le mythe de l’immortalité, sur la base d’une hypothétique modélisation du cerveau humain.

Que veut-on que devienne l’homme – et la femme ? Animal ? Robot ? L’un ou l’autre ? L’un et l’autre ? C’est tout sauf un être humain. Un être humain faillible et idéaliste, aux prises avec des émotions contraires, et dont la valeur ultime est dans la gestion de cette complexité.
Rien d’étonnant à ce que l’on assiste à une perte de repères générale, à une stigmatisation des différences, à une déroute morale. Le conflit est insoutenable entre le génie de la Fourmi et celui de Frankenstein.
Loin de cette dichotomie artificielle, l’amour, l’empathie, l’honnêteté, la loyauté sont tenus à distance comme suspects et inadaptés. Mais alors, comment se fait-il que les modèles les plus élevés de l’humanité demeurent l’abbé Pierre, Mère Teresa, Nelson Mandela ou Aung San Suu Kyi ? Des êtres engagés dans la protection des faibles et la dignité des personnes, engagés contre la tyrannie des théories, contre l’asservissement des humains à un système qui les exclut ? Des êtres touchés par la grâce et plus puissants que tous les robots ?

 
MGB
 


EDITO 6 - Janvier 2013

 
Au CRET, réunion après réunion, nous prenons la mesure de la complexité des questions éthiques dans le domaine professionnel. Au fil des discussions, nous faisons l’expérience des différentes perceptions de l’éthique, de la difficulté de ses applications concrètes, de la suprématie du principe de réalité sur ses ambitions humanistes et idéalistes.

C’est que l’éthique est tellement partout que l’on en vient à se demander si elle est quelque part.
Ma réponse est oui. Oui à tous les doutes, oui à tous les questionnements. Là où est la question est l’éthique, même si tout cela semble parfois multiforme, impalpable, fuyant comme l’eau.

L’éthique dans le travail traverse nos moindres comportements. Ces comportements, nous en sommes responsables, c’est-à-dire en devoir d’en répondre s’il le faut. Mais peut-on être attentif à tous nos comportements lorsque la pression est forte, le temps compté et les objectifs difficiles à atteindre ? Peut-être pas. En revanche, l’humilité et le respect s’imposent en toute situation, surtout dans les situations de leadership où l’on doit assumer son rôle sans se dérober mais en restant prêt à remettre en cause ses pratiques pour le bien commun.


L’éthique se niche dans les détails, oui. Elle questionne aussi les modèles, même ceux qui semblent les plus incontournables. Qu’est-ce qu’une entreprise ? Qu’est-ce qui donne son sens à une action ? Pourquoi parle-t-on désormais plus de Capital humain que de Ressources humaines ? Par quoi est définie l’éthique dans une organisation ? Quels en sont les vrais indicateurs ?

L’éthique dans le travail est d’abord un exercice de mise en commun des représentations de ce qui est éthique et de ce qui ne l’est pas. C’est déjà un travail colossal. Nous le vivons mois après mois, loin des tentations normatives ou moralisatrices.
C’est notre manière d’être éthique au CRET.

MGB
 

 

EDITO 5 - décembre 2011
 

L’année s’achève sur des initiatives en matière d’éthique professionnelle. Normes de qualité, comportements vertueux salués et recommandés, mise à l’honneur de l’intelligence collective et du partenariat sous toutes ses formes… S’il est vrai que les temps de crise ont des conséquences lourdes et pénibles sur les individus et les organisations, ils ont ceci de positif qu’ils forcent les prises de conscience, les remises en question, les repositionnements, l’innovation. Innovation, oui. Ce qui valait hier ne vaut plus aujourd’hui. Il faut reconstruire un système plus équitable, plus viable, plus sain, et commencer par le plus facile à changer quand tout va à vau l’eau : soi-même.

Se recentrer sur soi-même pour s'évaluer est une bonne manière d’agir sur le système, de le transformer dans le bon sens. A chacun d’interroger ses actes, ses paroles et leurs conséquences, de se corriger. La réussite ou l’échec de telle entreprise, de telle relation donne des indications sur la manière dont on est au monde : trop rigide, trop coulant, manipulateur, opportuniste, ingrat, orgueilleux, effacé...

Le manager ne peut évidemment pas se soustraire à cet examen de conscience. Le pouvoir donne des devoirs, à commencer par l’autoévaluation. Un dirigeant sera plus légitime pour évaluer les personnes qui dépendent de lui s’il est un exemple d’honnêteté, d’intégrité, de congruence.

Au CRET, devant le déferlement de publications et de manifestations autour de l’éthique, nous avons cette année préféré écouter. Après avoir contribué à montrer l’importance de la réflexion sur l’éthique dans le travail, nous nous mettons en retrait pour laisser la parole à ceux qui développent certains aspects spécifiques de la vaste question éthique. Ensemble, nous espérons aller plus loin, toujours plus loin, dans la conscience de soi, de l’autre, de l’environnement. Dans le questionnement éthique, tout simplement.


MGB



EDITO 4 - avril 2010
 
Une première dans le monde de l’entreprise… et du droit. Le rapport demandé par le Ministère du travail à Sylvie Catala, inspectrice du travail, dénonce une volonté consciente du management de France Telecom (35 suicides) de précipiter le départ des salariés, principalement les fonctionnaires. En accusation, non pas un individu, mais une organisation tout entière. Un mode de management. La relation entre les salariés et leurs dirigeants. Les suicides ne seraient que l’expression la plus tragique, la plus extrême, des troubles psychosociaux touchant les salariés de l’entreprise. Et cette fois, la plainte au pénal contre France Telecom et certains de ses dirigeants ne devrait pas être classée sans suite. Le parquet de Paris a nommé deux juges d’instruction.

Désormais, on ne peut plus se voiler la face. Lorsqu’on arrive à de tels excès, il est normal que la stratégie managériale soit dénoncée, car elle porte atteinte à la santé et à la sécurité de centaines, de milliers de personnes au travail. Jamais le débat n’avait à ce point porté sur la responsabilité de l’entreprise elle-même. Il était temps que les plans d’action à grande échelle tiennent compte de l’élément humain. Ce n’est pas parce qu’on regarde une étoile de loin qu’il faut s’imaginer que c’est un point. Reconsidérer l’homme dans sa vraie dimension est la seule manière de retrouver la fonction sociale et structurante de l’entreprise. Espérons que l’exemple de France Telecom, qui a frappé les esprits mais qui n’est pas isolé, contribuera à corriger les excès du système.

 
MGB
 

 
EDITO 3 - février 2010
 
A l'occasion de la sortie du livre 100 pistes pour un management éthique, de Maya Ghosn-Barreau, en voici un extrait, où il est question de circonscrire la notion d'éthique, en général et dans l'entreprise. Ce sera notre premier édito de l'année.
L'idée de publier cet extrait sur notre site vient d'Annie Courteaux, inspectrice de l'Education Nationale, qui a défendu les valeurs éthiques tout au long de sa carrière et qui nous a fait l'honneur de rejoindre le CRET cette année.
 
Ethique
Le nerf de la paix

Difficile de trouver une bonne définition de l’éthique. Aujourd’hui, lorsque l’on parle d’éthique, deux approches semblent coexister : l’éthique entendue comme une morale universelle, un système de normes et de valeurs reconnues comme idéales pour l’individu et la collectivité d’une part, et d’autre part l’éthique comme recherche d’authenticité et de développement personnel qui assure une adhésion de l’action individuelle aux valeurs et motivations qui fondent l’acteur singulièrement, et qui a pour condition sine qua non le respect d’autrui. En réalité, les deux se complètent. Toute démarche personnelle qui nie les valeurs universelles (bien commun, coexistence…) est contraire à l’éthique.

 

 
Ethique, morale, déontologie
Aujourd’hui, on distingue l’éthique de la morale et de la déontologie. Dans son acception courante, la morale, absolue et binaire, distingue le bien et le mal à travers des règles de conduite universelles. La déontologie pose les règles d’une profession donnée, en formalisant pour l’ensemble des personnes qui l’exercent des normes de comportement.

 
L’éthique serait aujourd’hui l’ensemble des valeurs qui sous-tendent un comportement jugé positif selon certains critères (responsabilité, empathie, solidarité…). C’est donc une notion plus subjective, plus intuitive, plus complexe que la morale et la déontologie. Moins absolue que la morale, l’éthique s’adapte à la société et cherche de nouveaux repères conformes à sa nature, qui respectent donc les principes de justesse, de dignité et d’équité.
La double étymologie du mot « éthique » mise en avant par le scientifique Jean Bernard fait apparaître les deux dimensions de l’éthique : ithos désignerait la tenue de l’âme, tandis qu’ethos serait l’ensemble des règles et des normes qui bordent l’action de l’homme et lui assurent justesse et mesure.
Pour certains penseurs comme Paul Ricoeur, contrairement à la morale qui est une obligation, « l’éthique relève du bien ».

Une recherche du bien
La notion de bien a évolué. Aristote croyait au principe éthique de la nature, qui permet à chaque chose de s’accomplir pour son bien, pour peu qu’on laisse se manifester son mouvement spontané. Kant ancre l’éthique dans l’action à travers son célèbre précepte : « Agis
comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature ».

 
Une injonction actuelle : pas de liberté sans conscience et connaissance
 
Si l’on ne veut pas se raccrocher à un système de valeurs établi (morale, religion…), validé par le temps et la tradition, ce qui constitue la démarche du plus grand nombre dans nos sociétés occidentales, la connaissance est une injonction éthique. On ne peut en effet définir son propre système de valeurs, celui qui va fonder nos actions et nos relations sociales et intimes, de manière superficielle et sans discernement. Par conséquent, la liberté suppose de l’exigence et de la rigueur, du savoir et de la connaissance.

Jung et la difficulté d’être « éthique »
Une conscience élevée de ses responsabilités amène toujours un conflit de devoirs, dit Jung en substance. Lorsqu’il possède une telle vertu, un individu n’est plus seulement le moi connu et défini socialement, mais aussi « l’instance qui négocie ce qu’il vaut en lui-même ». Le moi intérieur gagne à se voir élevé à la dignité de tribunal de décision éthique. En acceptant d’être l’accusateur mais également l’accusé, le moi, désormais ambivalent et ambigu, « devient conscient d’une polarité d’opposés qui lui est « sur-ordonnée ».
[i][i]

L’approche de Jung tend à montrer combien l’éthique est éloignée d’un vigile extérieur, autoritaire et rigide. Elle est indissociable d’une acceptation de tous les tiraillements inhérents à la nature humaine, comme toute énergie qui cherche son équilibre entre des pôles opposés.

 

 
La philosophe Simone Weil tend vers l’équilibre en militante de la justice.
« Si l’on sait par où la société est déséquilibrée, il faut faire ce qu’on peut pour ajouter du poids dans le plateau trop léger [ ] Mais il faut avoir conçu l’équilibre et être toujours prêt à changer de côté comme la justice, cette fugitive du camp des vainqueurs. »
[ii][ii]

Le bouddhisme n’est pas si volontariste. Matthieu Ricard, intellectuel bouddhiste, écrit :
« Les fondements de l’éthique sont très simples. Il n’y a pas de bien et de mal en soi, il n’y a de bien et de mal qu’en termes de bonheur et de souffrance à autrui et à soi-même. Si nous savons faire naître en nous une attitude altruiste telle que nous soyons viscéralement concernés par le bien des autres,
cet altruisme devient le plus sûr guide de notre jugement [ ] Il ne suffit pas de savoir, comme par exemple dans la physique quantique, que notre conscience ne peut être isolée de la réalité globale du monde des phénomènes, il faut reconnaître par l’expérience personnelle qu’elle fait partie de cette globalité. Passer ainsi d’une connaissance théorique, qui risque de n’avoir que des effets virtuels, à l’expérience directe est la clé du problème de l’éthique. Lorsque l’éthique est le reflet de nos qualités intérieures et guide notre comportement, elle s’exprime naturellement dans nos pensées, nos paroles et nos actes, et devient source d’inspiration pour les autres. »
 
[ ]
 
Comment définir un management éthique ?
L’éthique se distingue par son caractère relatif. Individuelle, elle est paradoxale. Conjoncturelle, elle s’applique à une situation spécifique. Mais alors qu’est-ce qu’une posture éthique ?
Il manque aujourd’hui un modèle pertinent, intégrant la morale, la déontologie et l’efficacité professionnelle, qui serve de référence au management éthique.
Voici quelques applications nécessaires et non suffisantes à l’éthique dans le management :
- Définition d’objectifs précis et atteignables
- Délimitation du champ d’action, c’est-à-dire des moyens disponibles pour atteindre les objectifs
- Accès à l’information utile
- Mise en perspective de l’action dans le contexte global, en vue de donner du sens à la contribution de chacun
- Droit à la formation, à l’accompagnement et, de manière générale, au développement du potentiel
- Rémunération juste et justifiable
- Instauration d’un dialogue ouvert et participatif
- Ancrage dans des valeurs fortes comme la culture d’entreprise, la charte éthique etc.
Il existe un outil de mesure simple pour évaluer l’éthique dans une entreprise... [ ]
 
 
 

[iii][i] Ma vie, op.cit., pp. 542-543
 

[i][ii] Citation de Simone Weil dans la préface à La pesanteur et la grâce, Plon, 1999.

 

 
©Editions EMS

100 pistes pour un management éthique est disponible dans les librairies, sur le site de l'éditeur et sur le site professionnel de l'auteur

 
www.mgb-management-ethique.com




EDITO 2 - janvier 2009
 

 
Le deuxième semestre de l’année 2008 a vu vaciller l’économie mondiale, révélant excès, exactions et l’état pathologique d’inconscience et d’aveuglement du système. Le mal s’est déclaré dans ce qui constitue le nerf de la guerre au sein du libéralisme économique : la finance. Si d’autres surprises ou réactions en chaîne sont encore à craindre en ce début 2009, la crise comporte les germes d’une prise de conscience salutaire : le manque de responsabilité à tous les niveaux ne demeure pas sans conséquence. Il arrive un moment où les interactions qui se produisent dans un système débouchent sur un résultat. Un résultat positif ou négatif selon la justesse et la justice des actes. Laissons aux financiers le soin de revoir leurs principes et d’assainir leur champ d’action.
Concentrons-nous sur l’aspect humain des relations professionnelles. La question est indissociable du contexte économique global, qui échappe à la volonté de la plupart d’entre nous, mais chacun est responsable dans les limites de son territoire. Le dirigeant dans son entreprise, le manager dans son service, le chef de projet dans son équipe.
Le profit, qui servait de justification à tous les managements abusifs, n’a plus tous les droits. Certes, il reste la raison d’être de toute entreprise, mais pas – si j’ose dire – à n’importe quel prix. Car l’entreprise est avant tout un groupe humain, et le profit seul ne garantit pas l’esprit de complémentarité et de solidarité nécessaire à toute action collective.
Nous voulons croire que la crise actuelle poussera les acteurs de l’entreprise à assainir leur collaboration, à contrer le pouvoir usurpé et le pouvoir de nuisance, et à revaloriser les vrais moteurs de la réussite : la compétence, la motivation, le goût du travail en commun.
Si nous n’y prenons garde, les fausses manœuvres, fruit de l’inconscience, de la lâcheté ou de l’aveuglement, qui ont conduit à dégonfler la méga-bulle financière, videront l’entreprise elle-même de sa substance. Il est temps de réagir. L’heure est propice. Réagissons.
MGB

 
 

 
EDITO 1 - mai 2008
 
L'éthique, pourquoi...
Ethique. Le mot est sur toutes les lèvres depuis quelques années, et on voudrait qu’il fût une formule magique.
Une formule magique qui soulagerait les maux et blessures d’une société mondialisée dont les ambitions humanistes sont sans cesse mises à mal par les rigueurs d’une course effrénée au profit.
Une formule magique dont la vocation serait de soigner les ressources humaines asséchées par la soif de pouvoir de quelques-uns et par la suprématie des bourses mondiales.
A ce jour, la formule n’existe pas. Pourtant, il y a urgence.
Il faut que l’entreprise devienne – ou redevienne – un lieu de travail satisfaisant pour tous. Mais comment modifier les comportements afin d’initier un cercle vertueux ?


L'éthique, comment...
D’abord, en sensibilisant les décideurs pour en faire autant d’artisans chimistes, capables de créer des valeurs clés et de doser le mélange afin que leurs collaborateurs adhèrent à leurs objectifs sans voir leur âme se rétrécir comme une peau de chagrin.
C’est à cette poignée de décideurs, victimes autant qu’acteurs du système, qu’il va être demandé d’agir pour que l’entreprise d’aujourd’hui, ou toute structure de production, ne devienne pas une jungle. La schizophrénie guette-t-elle ces décideurs ? Peut-être, dans les cas extrêmes. Mais il leur est surtout demandé de l’autorégulation. Exercice d’équilibriste, mise en demeure de ne tomber ni dans un excès, ni dans l’autre. Ni angélisme ni déshumanisation. Car les deux attitudes nient l’homme dans sa dimension humaine, nient ses besoins matériels (productivité, bénéfices) et psychiques (reconnaissance, réalisation).

Performance éthique ?
Nombre de personnes à qui nous parlons de la nécessité de réintroduire l’éthique dans nos pratiques professionnelles nous rétorquent – en le déplorant – que la nécessité économique est incompatible avec ce type de préoccupation. Nous posons le postulat que l’éthique est précisément un outil de performance en ce qu’elle reconnaît en chacun l’apport singulier dont il est le garant dans l’entreprise. En assurant cette reconnaissance, le management éthique pousse l’individu à la performance, voire au dépassement de soi.

 
La question est de savoir quelles conditions doivent être réunies pour que soient assurées, pour l’entreprise la réalisation de ses objectifs, et pour la personne sa propre réalisation au travail. C’est à la croisée des intérêts économiques et de l’épanouissement personnel que se situe le point d’équilibre. Par épanouissement personnel, nous n’entendons nullement que l’espace professionnel devienne un lieu de loisirs, une aire de bien-être ou quelque autre espace de détente. Nous pensons que l’épanouissement personnel passe principalement par le sens de l’action (objectif bien compris et partagé), la marge de manœuvre (moyens adéquats) et le retour sur investissement (reconnaissance matérielle et/ou morale). Théoriquement, on ne voit pas pourquoi ces conditions ne seraient pas réunies dans une entreprise, tant leur logique semble évidente et potentiellement favorable au tout comme aux parties.
 
Et pourtant, l’écho des entreprises nous renvoie des réalités bien plus difficiles, où il est question de souffrance humaine, de harcèlement, d’isolement, d’impuissance. Dans certains cas, c’est une organisation dans son ensemble qui est responsable de cette réalité ; dans d’autres, c’est une personne, ou une relation interpersonnelle. Dans tous les cas, c’est au décideur, au détenteur du pouvoir, d'apporter des réponses concrètes à ces situations.


Maya Ghosn-Barreau



 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 



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