CRET
Centre de réflexion sur l'éthique dans le travail
 


 

La Voix de la Paix

Brigitte BELLAMY-FREJACQUES (1)

 

    
 
« Le corps est un espace de conscience qui par ses ressentis, son mouvement, ses émotions, nous permet d’accéder à notre propre langage, direct, précis, authentique et puissant. » Cette remarque de Marie José Lopes Moroa de Aguiar, comédienne et Gestalt thérapeute, me semble propre à introduire un sujet qui a pour ambition d’exposer les liens entre la voix et l’éthique. Et c’est à Maya Ghosn-Barreau que je dois mon titre « La voix de la paix » en écho à sa définition de l’éthique comme « le nerf de la paix ».

Au moment où la communication omniprésente s’apparente moins à une démarche d’information ou de mise en relation qu’à des manœuvres de manipulation, quand, simultanément, le beau mot de « Charisme » est devenu tabou en entreprise, il est nécessaire de rappeler que, paradoxalement, la voix, support de la parole est l’alliée naturelle de l’éthique.

En effet, si l’on considère que l’éthique est « ce qui tient droit », assurant aux actions « justesse et mesure », le travail sur la voix, son déploiement en plénitude, ce que j’appelle la recherche de la « voix juste », contribuent puissamment à rétablir dans l’individu qui parle l’alignement physique et la cohérence psychique sources d’authenticité et de rectitude.

Le corps est l’instrument de la voix ; en conséquence, une émission vocale libre et rayonnante se fonde sur l’énergie du corps, celle du souffle en particulier, et ne se conçoit que dans un corps détendu et tonique, à la fois solidement ancré dans le sol et redressé avec souplesse et légèreté : une image de la voix elle-même issue de la profondeur de l’être et dont les vibrations se déploient à l’extérieur du corps dans toutes les directions.

 
 
Le développement de ces capacités comportementales en termes de posture, de respiration et de détente aide à se recentrer, à rétablir dans l’être un équilibre fondé sur des appuis stables et une ouverture qui rendent possible l’émission riche et harmonieuse des sons qui portent la parole. Et l’expérience prouve que ce comportement génère une parole authentique, en accord avec les valeurs de celui qui s’exprime. Je dis volontiers que la voix est le miroir de l’être.

Si l’on considère avec Matthieu Ricard que « lorsque l’éthique est le reflet de nos qualités intérieures et guide notre comportement, elle s’exprime naturellement dans nos pensées, nos paroles et nos actes, et devient source d’inspiration pour les autres », on peut raisonnablement penser que la réciproque est vraie et que, lorsque la voix restitue fidèlement nos pensées et nos paroles, elle est le reflet de nos qualités intérieures et conduit à des comportements éthiques susceptibles d’inspirer les autres. D’ailleurs, cette « contagion » éthique est avérée par les études relatives aux réactions mimétiques que suscitent la plupart des comportements humains : ainsi un orateur à la voix « juste » conduira ses auditeurs à imiter inconsciemment son attitude et à retrouver en eux-mêmes équilibre et cohérence.

Je trouve un écho de cette alchimie dans ce que dit Diane de Cicco à propos de sa peinture : « … Je me sens alors en résonance avec l’œuvre. L’aboutissement est cette indéfinissable justesse. Je crois que cela lui confère le pouvoir d’entrer en résonance avec l’autre… C’est tout le mystère de l’âme. »


                                                                        Février 2013

 
    

(1) Conseil en prise de parole - Membre du CRET 2012-2014

                                                                                                                             
           
 
 



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